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La fabuleuse collection Torlonia prend ses quartiers au Louvre

Il était une fois un jeune Auvergnat prénommé Marin qui, comme dans les contes de fées, partit de presque rien pour finir riche et fonder une dynastie de princes, sans même avoir besoin pour cela d’un chat botté. Né en 1725 dans un village du Puy-de-Dôme, il arrive à Rome un quart de siècle plus tard, s’y établit comme drapier, puis comme prêteur sur gages. Et, dans cette Italie qui l’adopte, Marin Tourlonias se mue en Marino Torlonia.
Son fils Giovanni (1754-1829) poursuit cette trajectoire phénoménale, ouvre une banque, accumule une fortune considérable en prêtant de l’argent à la noblesse romaine, étant par ailleurs banquier du pape et de la famille Bonaparte. Comme il se doit, Giovanni Torlonia amasse aussi des titres de noblesse, devenant marquis, duc et, enfin, prince. Pour s’insérer dans l’aristocratie de la Ville éternelle, le parvenu achète à tour de bras palais et villas mais aussi, pour peupler ces demeures, des statues antiques romaines, lançant une fabuleuse collection de plus de six cents œuvres, dont soixante viennent de prendre leurs quartiers d’été au Musée du Louvre, à Paris, pour une exposition exceptionnelle à plus d’un titre.
Ainsi que le résume Cécile Giroire, directrice du département des antiquités grecques, étrusques et romaines au Louvre, « c’est une double aventure. Non seulement on présente pour la première fois hors d’Italie les plus belles pièces de la collection Torlonia, mais on les présente dans un cadre exceptionnel, les appartements d’été d’Anne d’Autriche, rénovés après plus de dix-huit mois de travaux. Ce sera l’unique fois où ils accueilleront une exposition temporaire ». En effet, ces appartements somptueux que Louis XIV a fait construire pour sa mère sont, depuis 1800, l’écrin de la collection permanente de sculpture romaine du Louvre. Celle-ci devrait la réintégrer en 2027, une fois terminé le réaménagement de cette partie du musée.
En attendant, encadrés par des murs rutilants en stuc marbre rouge, sous les plafonds peints désencrassés et les dorures refaites à neuf, certains des chefs-d’œuvre de la collection Torlonia se donnent enfin à admirer, eux qui ont été invisibles depuis la fin de la seconde guerre mondiale, exception faite de deux récentes expositions à Rome et à Milan, en 2020 et 2022.
A Paris, les visiteurs sont invités à une plongée dans un double passé. Tout d’abord, bien sûr, le passé antique, celui d’une élite romaine littéralement hellénisée, qui absorbe, digère et intègre la culture grecque, ses images et sa mythologie. « Les artistes qui travaillent pour les Romains s’approprient les styles du passé grec, explique Martin Szewczyk, conservateur au département des antiquités grecques, étrusques et romaines du Louvre et commissaire scientifique de l’exposition. Une véritable histoire de l’art s’écrit déjà dans l’Antiquité, et ces artistes maîtrisent les modèles iconographiques grecs. »
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